Escales mécène l’exposition « Desseins 19-23 » d’Emmanuel Lesgourgues à l’Espace Beaulieu
Du 10 mai au 30 juin 2023, Espace Beaulieu accueille Emmanuel Lesgourgues qui présente une sélection de dessins réalisés sur tablette numérique issus de 4 séries différentes : “Apparition” montrée en avant-première à l’Espace Beaulieu, “Hydroponie”, “Biostasie” et “États intermédiaires”.
«Ce qui m’importe, ce n’est pas tant de se demander où l’on va que de chercher à vivre avec
la matière.» Le stylet d’Emmanuel Lesgourgues pourrait être guidé par cette affirmation d’Henri Matisse. Car c’est bien la matière, vivante, qui est au cœur de son processus créatif. La répétition obsédante, spasmodique de motifs veut exprimer l’idée d’une matière évolutive, à l’instar des cellules des
organismes vivants. J’appréhende le dessin comme un laboratoire de découvertes et de curiosités.
Sa syntaxe revendique l’écriture aléatoire, une construction non volontaire, où l’image s’autoconstruit, véritable mitose graphique. La fusion cellulaire explore de nouveaux mondes. Sa première série réalisée sur tablette numérique, « États intermédiaires », met en place sa grammaire : le dessin initial provoque le suivant, combinant des formes d’écriture qui n’avaient pas vocation à être ensemble, dans un continuum aléatoire dont l’artiste n’a pas déterminé la fin.
Cette fascination pour la transformation continue qui définit le vivant s’affirme dans les titres de ses séries suivantes, tous empruntés au lexique scientifique (qui renvoie à la terre, au vivant, à la génétique). L’artiste, particulièrement sensible à la vitesse à laquelle le monde bouge et à ses bouleversements — cette curiosité ne s’illustre-telle pas dans le recours au médium numérique ?
DESSEINS 19-23 traite de nouveaux mondes dans sa recherche graphique.
Ainsi revisite-t-il les thèmes classiques de l’histoire de l’art, le corps et le paysage, en créant
de nouveaux paradigmes cellulaires. (Sophie Loria)
Dans la série « Hydroponie », Emmanuel Lesgourgues fusionne photographies de volumes réalisés en pâte à modeler et dessin : Je travaille sur le vertical, je superpose des plans, des matières, des points. Je crée des couches successives, comme de la peinture, et je suis persuadé que même si je suis dans de la matière totalement opaque dans la superposition, le point précédent existe, même recouvert. C’est par le jeu sur la transparence et l’opacité que je crée de la profondeur. Un travail sur l’habillage comme la peau qui enveloppe le squelette et qui rappelle les peintres de la Renaissance qui passaient par la représentation du corps nu avant de peindre les vêtements, comme pour donner aux sujets une plus grande réalité.
La série « Biostasie » est une réflexion sur le paysage, l’infiniment petit et l’infiniment grand et qui, par un jeu de couches successifs et de zoom-dézoom, permettent de découvrir une vallée.
La tablette me permet de réduire, d’augmenter, d’effacer, de manipuler différentes échelles. Interface dynamique qui rejaillit dans mon œil, il apparaît toujours une nouvelle écriture qui fait que mon dessin n’est jamais figé. […] Ma disposition des couleurs ne suit pas la règle du foncé au premier plan, mais est aléatoire. La perspective est appréhendée par le dessin et le traitement des plans, mais pas avec la couleur.
Montrée pour la toute première fois en exclusivité à l’Espace Beaulieu, « Apparition » est la plus récente
des séries produites par Emmanuel Lesgourgues.
Elle s’intéresse à la Vierge Marie dans sa représentation en Immaculée Conception issue de ses 18 apparitions à Lourdes en 1858. Cette série sur le diaphane mime, au ralenti, un processus d’apparition comme s’il avait été possible d’immortaliser chaque temps du mouvement de l’apparaître.
Diplômé de l’École Camondo, Emmanuel Lesgourgues (1974) est designer et architecte d’intérieur. Après une carrière dans l’architecture d’intérieur et l’enseignement, il devient commissaire d’exposition et directeur du fonds de dotation Quasar, collection d’art contemporain qui abrite, depuis les années 1980, 1600 œuvres autour de 92 artistes français.
Le travail plastique d’Emmanuel Lesgourgues se développe principalement autour du dessin, déclinant des thèmes organiques, des univers cellulaires féconds ou modifiés, à travers des motifs aléatoires, géométriques et une recherche sensible sur la couleur. Il crée exclusivement sur tablette numérique depuis 2018, définissant en amont le format du dessin final et se projetant, tout au long du processus, sur le devenir du dessin à son échelle d’impression.
Emmanuel Lesgourgues vit et travaille entre Paris et Bordeaux.
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